ING complice d’abus de droits humains dans le secteur de l’huile de palme : les ONG portent plainte
Bruxelles/Amsterdam, le 5 juillet 2019 – Aujourd’hui, des organisations membres des Amis de la Terre (Friends of the Earth) déposeront une plainte contre la banque néerlandaise ING Group auprès du Point de contact national des Pays-Bas pour la mise en œuvre des Principes directeurs de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour des entreprises multinationales. Plusieurs ONG belges y ont participé et soutiennent la plainte qui fait échos aux revendications adressées depuis plusieurs années à ING Belgique. La plainte concerne le financement des entreprises de palmiers à huile - Noble Group, le Groupe Bolloré/Socfin et Wilmar International - et porte sur le déboisement de forêts tropicales (Noble Group), l’accaparement de terres (Groupe Bolloré/Socfin) et le travail des enfants (Wilmar International).
« Nous avons informé ING des violations commises par le secteur industriel de l’huile de palme depuis le début du siècle », explique Evert Hassink, responsable plaidoyer chez Milieudefensie (Amis de la Terre – Pays-Bas). « En Belgique aussi, cela fait maintenant plus de 4 ans que nous demandons à ING de cesser de financer Socfin. La stratégie défendue par ING est d’accompagner les entreprises problématiques vers des pratiques plus durables. Mais après tant d’années, il est devenu évident que ce dialogue n’a eu aucun résultat significatif », soutient Florence Kroff, coordinatrice de FIAN Belgium.
« En Belgique, suite à la campagne Stop Greenwash-ING, menée par une coalition d’ONG, la banque ING avait annoncé en janvier la suspension de tout nouveau financement à Socfin, avant de faire marche arrière 2 mois plus tard. Le manque de régulation publique nous pousse à appuyer cette plainte afin d’obliger les multinationales et le secteur financier à respecter leurs engagements et les droits humains » explique Sébastien Mortier, chargé de recherche chez FairFin.
Manquements
La plainte s’appuie sur des preuves de manquements de la part de trois clients de ING :
- Le Noble Group est responsable du déboisement de milliers d’hectares de forêt tropicale en Indonésie. [1]
- Des recherches et des interviews de communautés d’Indonésie et du Liberia montrent que Wilmar International est impliquée dans des violations des droits du travail, y compris le travail des enfants. [2]
- Dans les plantations de Bolloré/Socfin, divers abus ont été constatés dans le domaine des droits de l’homme au Cameroun et en Sierra Leone, dont des violations des droits fonciers et du droit à la sécurité et à la protection de la vie privée. [3]
Conséquences pour ING
Si le Point de contact national néerlandais donne son soutien aux allégations, cela peut avoir des conséquences pour ING. La banque peut être exclue des missions commerciales, de subventions et du soutien gouvernemental à l’étranger. Plus fondamentalement, cela établit un précédent pour les autres banques sur la façon de se conformer aux Principes directeurs de l’OCDE, et augmente les possibilités que les communautés obtiennent réparation. Les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales précisent ce que les gouvernements attendent des entreprises dans le domaine de la responsabilité sociale. Ils indiquent quel doit être le comportement des entreprises en matière de droits de l’homme, de travail des enfants, d’environnement et de corruption.
Principes directeurs
Les Points de contact nationaux français et belge pour les Principes directeurs de l’OCDE ont déjà déterminé que Socfin, client de ING, n’a pas respecté ces principes. [4] Plusieurs autres institutions financières ont mis fin à leurs relations avec des sociétés d’huile de palme controversées, comme le Noble Group. [5] Le fonds de pension du gouvernement norvégien, par exemple, a arrêté de financer non moins de 33 entreprises d’huile de palme. [6] Aux Pays-Bas, la société d’assurances Aegon s’est désengagée de tout le secteur de l’huile de palme. [7]
Plusieurs autres organisations de la société civile européenne, comme ReAct, Brot für alle, FIAN Belgium, CNCD-11.11.11 et FERN, ont adhéré à la plainte contre ING présentée par les organisations membres des Amis de la Terre.
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Signataires :
AEFJN
CNCD-11.11.11
11.11.11
Entraide & Fraternité
FairFin
FIAN Belgium
Fern
Financité
MAP
Oxfam-en-Belgique
SOS Faim
Note pour les rédacteurs
Pour davantage d’information ou pour des demandes d’interviews vous pouvez contacter :
(NL) Wim Brouwer, Milieudefensie (Pays-Bas) ; wim.brouwer@milieudefensie.nl - +31 6 23 53 87 16
(FR) Florence Kroff, FIAN Belgium florence@fian.be, +32 475 84 56 24
SDI (Libéria) : James G. Otto, gardeayouway@gmail.com, +231 770 001 446
WALHI (Indonésie) : Oslan Purba, oslan.walhi@gmail.com, +62 81299076476
Témoignages complémentaires :
Indonésie : Oslan Purba, directeur des programmes de WALHI (Amis de la terre – Indonésie), précise : « Le secteur industriel de l’huile de palme a été l’un des principaux responsables de la déforestation de l’Indonésie. Ce secteur exerce des pressions sur le gouvernement indonésien pour protéger ses intérêts. Chaque euro que les institutions financières européennes ont investi dans des entreprises sans scrupules s’est traduit par davantage d’empiètement des plantations sur les terres de la population et sur les forêts. Les opérations illégales du secteur rendent inefficace le moratoire indonésien sur l’expansion des activités industrielles dans les forêts vierges et les tourbières. »
Libéria : James Otto, coordinateur de programmes du SDI (Amis de la terre – Libéria), ajoute que « le Liberia est à la frontière des activités huilières industrielles de l’Afrique occidentale et ses habitants subissent des violations des droits de l’homme. Les droits des travailleurs et le travail des enfants sont deux de nos problèmes, et les violations sont systématiques dans le modèle exploiteur de la production industrielle d’huile de palme. Les plus larges zones boisées qui restent des forêts de Haute-Guinée risquent de diminuer si ces entreprises continuent de fonctionner comme d’habitude. »