La Belgique se prononce contre les droits des paysans - La société civile dénonce un nouvel exemple d’incohérence
Bruxelles le 28 septembre 2012 – Ce 28 septembre, le Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies clôture sa 21ème session. Cette session a été marquée par l’adoption d’une résolution visant à « promouvoir les droits des paysans et des autres personnes vivant en milieu rural ». La résolution institue un groupe de travail chargé d’élaborer une Déclaration sur les droits des paysans. Cette victoire importante pour les paysans a été ternie par le vote négatif de la Belgique ainsi que des autres Etats-membres de l’Union européenne et des Etats-Unis.
« Parmi le milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, plus de 75% sont des paysans et leurs familles », rappelle Thierry Kesteloot d’Oxfam-Solidarité. Face à ce déni alarmant du droit à l’alimentation, un Comité Consultatif du Conseil des Droits de l’Homme avait été désigné en 2010 pour mener une étude sur « l’avancement des droits des paysans et des autres personnes qui travaillent en milieu rural ». L’étude a été approuvée en mars 2012 (doc A/HRC/19/75). L’étude identifie les principaux groupes vulnérables qui travaillent en milieu rural (petits agriculteurs, paysans sans terre, travailleurs agricoles, pêcheurs, chasseurs, pasteurs) et met en lumière les causes de discrimination et de marginalisation, telles que les expropriations de terre, les évictions forcées, les discriminations basées sur le genre, l’absence de réforme des régimes agraires, la criminalisation et la répression des mouvements paysans ou encore l’absence de salaire minimum et de protection sociale pour les travailleurs agricoles. L’étude conclut en recommandant notamment au Conseil des droits de l’Homme d’élaborer une Déclaration sur les droits des paysans.
Sur la base de cette étude, la Bolivie a déposé une proposition de résolution visant à établir un groupe de travail chargé d’élaborer une Déclaration sur les droits des paysans. Cette résolution a été soumise au vote des 47 Etats membres du Conseil des droits de l’Homme (élus par l’Assemblée générale des Nations-Unies pour un mandat de 3 ans) ce jeudi 27 septembre 2012. Le vote a été marqué par une forte opposition entre les Etats du sud qui se sont prononcés en faveur de la résolution tandis que les 8 Etats européens membres du Conseil des droits de l’Homme ont voté négativement, de même que les Etats-Unis.
« Cela démontre une nouvelle fois le manque de volonté des Etats riches de protéger les droits des populations les plus marginalisées de la planète, en particulier leur droit à l’alimentation » déclare Manuel Eggen, de FIAN Belgium. « C’est un nouvel exemple d’incohérence par rapport aux engagements politiques belges» ajoute Stéphane Desgain, du CNCD-11.11.11. En effet, le jour même du vote, le Premier Ministre, Elio Di Rupo déclarait à l’Assemblée Générale des Nations Unies « Permettez-moi d’évoquer les priorités de mon pays. Tout d’abord, le respect des droits de l’Homme ». De plus les politiques belge et européenne mettent au centre de leurs politiques de stratégie alimentaire l’agriculture familiale et l’appui aux organisations paysannes. Le refus de protéger les droits des paysans va donc à l’encontre des engagements de la Belgique.
Contact presse :
Manuel Eggen, FIAN Belgium
tél : 0478/93.37.47
mail : manu@fian.be
Stéphane Desgain, CNCD-11.11.11
mail : Stephane.Desgain@cncd.be
Thierry Kesteloot, Oxfam Solidarité
mail : tke@oxfamsol.be
Organisations signataires:
FIAN Belgium
CNCD-11.11.11
Oxfam solidarité