26 août 2011

La famine au Kenya - Résultat des violations du droit à l’alimentation

Heidelberg, 26.08.2011 - La famine et la malnutrition qui touchent actuellement 3,5 millions de Kényans sont le résultat de violations du droit humain à l’alimentation. FIAN International exhorte l’Etat Kenyan de prendre des mesures immédiates en réponse à ces violations pour empêcher que les évènements climatiques extrêmes aient un impact néfaste sur les populations locales.

Anton Pieper du Secrétariat de FIAN International, qui s’est rendu sur le Delta du fleuve Tana au Kenya durant le mois d’août de cette année, a rapporté que : "Les éleveurs, victimes de la sécheresse du nord, se sont réfugiés dans le Delta du fleuve Tana, une des dernières régions dans laquelle les personnes ont accès à l’eau. Cette situation a exacerbé les conflits existants entre les paysans locaux et les éleveurs, ce qui a accru la pénurie d’eau, la pression sur les terres arables et les pâturages et l’insécurité alimentaire."

Les sécheresses sont des événements à répétition au Kenya. Ces sécheresses se produisent plus fréquemment, en raison du changement climatique. Lors de la sécheresse en 2009, FIAN International et RAPDA, Réseau africain pour le droit à l’alimentation, ont effectué une mission conjointe au Kenya pour enquêter sur les causes de la famine.

La mission a trouvé que la situation alimentaire au Kenya se détériore en raison des violations répandues et systématiques du droit à l’alimentation. La sécheresse accentue la famine. Si des mesures visant à traiter les causes sous-jacentes sont finalement prises, les taux actuel de la famine et de la malnutrition pourraient décroitre significativement.

Le rapport de FIAN "Kenya’s Hunger Crisis" a établi que les principales violations du droit à l’alimentation concernent l’absence d’un plan stratégique opérationnel sur le droit à l’alimentation, y compris la préparation aux désastre naturels ; le manque d’allocations budgétaires pour garantir le droit à l’alimentation et pour empêcher que les ressources ne soient mal orientées ou inadéquates, comme des actions contre la corruption ; l’absence d’une réforme agraire qui inclut la redistribution de terres, et le défaut de création d’un environnement institutionnel pour la mise en œuvre par les paysans, y compris les femmes, les jeunes et les groupes minoritaires d’une agriculture durable.

Le rapport a également identifié des violations extraterritoriales par les Etats, à savoir le fait que les pays industrialisés n’ont pas réussi à limiter efficacement les émissions de dioxyde de carbone et à prendre d’autres mesures visant à limiter les causes du changement climatique, mais également qu’ils n’ont pas réussi à aider le Kenya à établir des systèmes de revenus minimums pour sauvegarder la sécurité alimentaire de tous.

Etant donné que ces violations mises en lumière en 2009 n’ont pas été abordées efficacement, la sécheresse actuelle a conduit, de nouveau, à une famine généralisée.

Dr. Rolf Künnemann, Directeur des droits humains à FIAN International, a déclaré que " les violations flagrantes du droit à l’alimentation, comme celles révélées par la mission d’enquête de FIAN lors de la famine, doivent être examinées, et ceux qui sont responsables doivent être poursuivis en justice - nationalement et internationalement. Si le droit à l’alimentation est appliqué, les sécheresses à répétition ne pourront plus entraîner des famines récurrentes. "

Plus d’information :

Voir le rapport Kenya’s Hunger Crisis - the result of right to food violations

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Kenya - Hunger crisis

Voir également le rapport Accaparement de terres au Kenya et au Mozambique, y compris le rapport sur le Delta Tana au Kenya, et les effets de l’accaparement de terres sur le droit à l’alimentation

Contact : Wilma Strothenke, Strothenke [at] fian.org