4 février 2021
FIAN International

Rapport : "Le capitalisme dévoyé et la financiarisation des terres et de la nature"

FIAN International, Institut Transnational, Focus on the Global South

La finance mondiale a transformé la terre et la nature en actifs financiers, provoquant la violence et la destruction environnementale. Comment cela a-t-il bien pu se passer ? Fruit d’un effort collectif des organisations de petits producteurs et productrices alimentaires et d’organisations de la société civile, ce nouveau rapport explore l’architecture de la finance mondiale et ses tactiques s’enrichir avec les ressources naturelles.

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Publication : l'architecture de la finance mondiale et ses tactiques s'enrichir avec les ressources naturelles

Quelques points saillants du rapport

  • Le capitalisme financier a mis un prix sur la terre et les ressources naturelles : la valeur estimée du marché immobilier mondial est de 217 billions de dollars, faisant de la terre et du logement une cible clé pour les acteurs financiers.
  • Les banques, les fonds, les sociétés de gestion d’actifs et les individus ultrariches font des profits avec la terre et les ressources naturelles, grâce à leurs milliards de dollars. Ces acteurs opèrent à travers un petit nombre de paradis fiscaux et de centres financiers offshore pour éviter la réglementation et la fiscalité.
  • L’extraction de la richesse des ressources naturelles se fait par le biais d’un large éventail de mécanismes, allant de l’expansion des monocultures agricoles à l’aquaculture intensive, aux projets d’infrastructure, au développement immobilier, aux mines et aux marchés du carbone. Avec plus de 20 exemples à l’appui, le trait commun est la dépossession des populations locales et la destruction de l’environnement.
  • Le secteur financier est une cause principale du changement climatique : la ruée actuelle vers la terre alimente la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre en même temps que les instruments d’atténuation des risques de changement climatique basés sur le marché offrent de nouvelles opportunités d’investissement, comme l’illustrent des pays comme le Brésil et l’Indonésie.
  • Les technologies numériques et de gestions des données jouent un rôle clé dans l’ouverture de nouveaux marchés et opportunités d’investissement pour les élites mondiales et les sociétés financières comme #BlackRock.

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Un système dominé par les marchés financiers

Le changement climatique, les inégalités sociales et la crise démocratique – les grands défis mondiaux de notre époque – sont tous liés à un système économique dominé par les marchés financiers. Selon le rapport, la finance mondiale provoque une dépossession toujours croissante des communautés rurales et urbaines du monde entier, détruisant leurs terres, leurs rivières, leurs forêts et leurs logements.

« Après des discussions avec des organisations de petits producteurs alimentaires et des mouvements sociaux, nous sommes arrivés à la conclusion que ce que l’on appelle souvent la « financiarisation » devrait plutôt être appelé « capitalisme dévoyé » parce que l’accaparement des territoires par la finance mondiale est illégitime et destructeur, et que les acteurs impliqués cherchent activement à dissimuler leurs opérations », explique Philip Seufert, de FIAN International, l’un des éditeurs.

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Pour des investissements rentables

Les politiques de déréglementation et les nouveaux outils financiers facilitent les investissements rentables, tels que la déforestation, l’expansion des plantations de monoculture, les énergies fossiles, les infrastructures, les compensations de carbone, les microcrédits et la numérisation. En parallèle, les paradis fiscaux et les centres financiers offshore leur permettent d’échapper à la responsabilité et à la fiscalité.

Pour les paysans et paysannes, les peuples autochtones, les pêcheurs artisanaux et les autres communautés, les conséquences sont dramatiques et la violence augmente. En outre, le réchauffement climatique et la destruction de la nature se poursuivent à des rythmes alarmants.

« Nos gouvernements ont créé les conditions pour qu’un capitalisme dévoyé se développe grâce à des partenariats public-privé, des fonds de pension publics et la coopération au développement. Ils ont en outre concédé une place privilégiée à la table de prise de décision mondiale à des sociétés financières comme BlackRock, Blackstone et Vanguard », déclare Shalmali Guttal de Focus on the Global South.

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Les technologies numériques jouent un rôle clé

Comme le souligne le rapport, les technologies numériques jouent un rôle clé dans la transformation des territoires et de la nature en actifs financiers. Les entreprises collectent et analysent d’énormes quantités de données pour optimiser leurs opérations. Les terres, les rivières, les forêts ainsi que les personnes, les plantes, les animaux et les micro-organismes sont transformés en codes et algorithmes pour calculer les risques et les taux de rendement. En tant que telles, l’agriculture numérique et les villes « intelligentes » constituent de nouvelles menaces pour les communautés.

Les mouvements sociaux et les organisations s’opposent

Mais un autre monde est à portée de mains : comme en Indonésie, Argentine, au Mali et en Espagne ainsi qu’au niveau des Nations Unies, les mouvements sociaux et les organisations s’opposent au capitalisme dévoyé et concrétisent leur vision d’un monde organisé autour du besoin des communautés au lieu des profits des entreprises.

« Le capitalisme dévoyé et la financiarisation des territoires et de la nature » vise à éclairer le fonctionnement du capitalisme contemporain et à présenter des questions cruciales pour renforcer la contre-offensive des peuples.

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Notes

[1Le rapport « Rogue Capitalism and the Financialization of Territories and Nature » est le fruit d’un effort collectif des organisations de petits producteurs et productrices alimentaires et d’organisations de la société civile. Les discussions ont eu lieu au sein du Comité International de planification pour la souveraineté alimentaire (CIP), une plateforme mondiale d’organisations de petits producteurs et productrices alimentaires et des peuples autochtones.