Par Olivier De Schutter, professeur à l’Université catholique de Louvain. Ancien Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation (2008-2014) et Rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits humains depuis mai 2020. Il co-préside le Panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food).
Alors que la Belgique et les Etats membres de l’UE se sont engagés à réduire le nombre de personnes en risque de pauvreté pour 2020, les chiffres de la pauvreté diminuent peu. Or, c’est d’abord sur les achats alimentaires que les ménages les plus précaires tentent d’économiser. Ces familles subissent alors une « double peine » : les produits les moins sains étant les moins chers, elles n’ont accès qu’à des produits de mauvaise qualité nutritionnelle, et, parallèlement, souffrent de ne pas pouvoir suivre les recommandations nutritionnelles bonnes pour leur santé. Face à ce constat, il est temps de remettre en question l’alimentation « low cost » et de replacer l’alimentation comme élément central de notre culture.