6 juin 2025
Accès à la Terre

Accaparement des terres : un rapport choc sur les inégalités croissantes et la concentration foncière mondiale

une publication de FIAN International

FIAN International, en collaboration avec Focus on the Global South, publie une nouvelle étude percutante intitulée :« Les seigneurs de la terre : propriétaires fonciers transnationaux, inégalités et plaidoyer pour la redistribution ». Ce rapport met en lumière un phénomène alarmant : la concentration massive des terres agricoles entre les mains d’un petit nombre d’acteurs transnationaux. Un processus qui alimente les inégalités mondiales, mine la souveraineté des peuples, contribue à la crise climatique, et menace directement la sécurité alimentaire de milliards de personnes.

Chiffres-clés et constats du rapport

  • Les 10 plus grands propriétaires fonciers transnationaux contrôlent à eux seuls 404 457 km², soit l’équivalent de la superficie du Japon.
  • Depuis 2000, 65 millions d’hectares de terres ont été acquis par des entreprises ou des investisseurs financiers.
  • Aujourd’hui, 1 % des exploitations agricoles contrôlent 70 % des terres agricoles mondiales.
  • Cette concentration des terres entraîne des expulsions forcées, de la violence, une destruction environnementale massive, et accentue les inégalités de genre et de classe.

L’exemple du fonds de pension américain TIAA, devenu l’un des plus gros propriétaires fonciers du monde, illustre cette dynamique : dans le Cerrado brésilien, une région essentielle en biodiversité, l’accaparement des terres pour l’agrobusiness entraîne déforestation, pollution et disparition des modes de vie paysans.

Un système à repenser en profondeur

« L’accumulation de terres et de richesses par quelques grandes entreprises menace directement la réalisation des droits humains fondamentaux, notamment le droit à l’alimentation, et bloque toute transition écologique juste. »— Rapport Les seigneurs de la terre

FIAN International dénonce un système économique néolibéral qui favorise la mainmise des grandes fortunes sur les ressources naturelles. La concentration foncière est le symptôme d’un déséquilibre global, où les 1 % les plus riches ont capté 38 % des richesses créées depuis les années 1990, pendant que les 50 % les plus pauvres n’en recevaient que 2 %.

Le rapport appelle à une redistribution des terres équitable et à des réformes fiscales globales ambitieuses pour rétablir une justice foncière et sociale à l’échelle internationale.

Une échéance cruciale : CIRADR+20

En 2026, la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural (CIRADR+20) se tiendra en Colombie. Ce sera une occasion historique pour les gouvernements de prendre des engagements forts contre l’accaparement des terres, en faveur d’une gestion équitable et durable des ressources naturelles.

Pourquoi c’est important pour la Belgique et l’Europe

Même si le phénomène semble éloigné, les fonds de pension européens, les banques ou les multinationales agroalimentaires participent activement à cette ruée mondiale sur les terres. En tant que société civile, nous avons un rôle à jouer pour exiger des politiques commerciales, fiscales et environnementales cohérentes avec les droits humains et la justice climatique.

FIAN Belgium soutient les recommandations du rapport et appelle à une prise de conscience collective sur la nécessité de remettre les terres entre les mains de celles et ceux qui les cultivent, les protègent, et en dépendent pour vivre dignement.