Rapport « Fausses promesses »
Publiée par la Rosa-Luxemburg-Stiftung, Biba (Kenia), Bread for the World (Allemagne), FIAN Allemagne, Forum on Environment and Development (Allemagne), INKOTA-netzwerk (Allemagne), IRPAD (Mali), PELUM Zambia, Rosa Luxemburg Stiftung (Allemagne), Tabio (Tanzanie) en TOAM (Tanzanie), cette étude internationale documente l’impact négatif dramatique de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) sur les petits producteurs alimentaires dans les 13 pays africains visés par l’initiative.
Un milliard de dollars
Pour atteindre ces objectifs, l’AGRA a reçu depuis sa création plus d’un milliard de dollars américains - principalement de la Fondation Bill et Melinda Gates, mais aussi de gouvernements tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne - et distribué plus de 500 millions de dollars de subventions, pour promouvoir sa vision de la « modernisation » de l’agriculture africaine.
Pour un bilan résolument négatif
Malgré ces énormes moyens financiers, provenant en partie de l’argent des contribuables, l’AGRA n’a jamais publiquement rendu de comptes. L’Alliance n’a pas publié d’évaluation globale de ses programmes, ni fourni d’estimations fiables du
nombre de petits ménages agricoles bénéficiaires, ni fait état d’éventuels progrès en termes de rendements, de revenu net et de sécurité alimentaire.
Pour remédier à cela, une grande partie de l’analyse contenue dans ce rapport se fonde sur une étude commandée par la Rosa-Luxemburg-Stiftung, pour laquelle des chercheur·se·s de la Tufts University ont examiné la production agricole, les rendements et les zones cultivées pour les principales cultures vivrières dans les 13 principaux pays cibles de l’AGRA, données nationales à l’appui. Cette étude dresse un bilan résolument négatif de l’AGRA : les augmentations de rendement pour les principales cultures de base étaient aussi faibles dans les années précédant l’AGRA que pendant celle-ci.
Dettes et Monoculture
L’étude montre également que L’AGRA nuit en fait aux petits producteurs alimentaires, par exemple en les accablant de fortes dettes. En Zambie et en Tanzanie, les petits producteurs de denrées alimentaires n’ont pas été en mesure de rembourser les prêts pour les engrais et les semences hybrides après la première récolte. Les projets de l’AGRA limitent également la liberté de choix des petits producteurs alimentaires pour décider de ce qu’ils veulent cultiver. Cela a des conséquences dramatiques pour la diversité des cultures.
L’AGRA se concentre en effet sur la culture unique du maïs. Les cultures traditionnelles résistantes au climat et riches en nutriments ont donc diminué en nombre. Selon l’étude, la production de millet dans les 13 pays cibles de l’AGRA a diminué de 24 % entre 2006 et 2018. De plus, l’AGRA fait pression sur les gouvernements au nom des sociétés agricoles pour qu’ils adoptent des lois qui favorisent les producteurs d’engrais et les semenciers plutôt que de renforcer la production alimentaire à petite échelle et les structures alternatives. L’AGRA est même courtisée par les gouvernements du monde entier pour ce service.
Une conclusion radicale
Les éditeurs de l’étude concluent, entre autres, queles gouvernements du Nord et du Sud du monde devraient se retirer de l’AGRA et de tous les autres programmes de révolution verte. Ils devraient plutôt soutenir une approche plus durable et holistique, comme l’agroécologie car elle se concentre sur les besoins des petits producteurs alimentaires, leur droit à l’alimentation et leur souveraineté alimentaire.