L’OCDE accepte la plainte des ONG: “La banque ING a ignoré pendant des années les impacts du secteur de l’huile de palme”
Bruxelles/Amsterdam, 24 janvier 2020 – Lundi 20 janvier, le Point de Contact National (PCN) néerlandais de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a déclaré recevable une plainte de l’ONG les Amis de la Terre (Friends of the Earth) contre la banque néerlandaise ING. Cette plainte est unique dans la mesure où, pour la première fois, une entreprise est accusée de "contribuer à" plutôt que d’être simplement "liée à" des actes condamnables. La plainte est soutenue par plusieurs autres organisations internationales : ReAct, FIAN Belgium, Brot für Alle, FERN et CNCD-11.11.11.
James Otto, de SDI (l’un des 3 groupes des Amis de la Terre co-plaignants) déclare : "Nous sommes confrontés à ces abus tous les jours. Les populations locales sont dépouillées de leurs revenus et ne trouvent pas de travail dans les plantations contrairement aux promesses faites. Les personnes qui y travaillent sont maltraitées, exploitées et vivent dans des conditions misérables".
Oslan Purba, de WALHI, souligne que la déforestation et l’accaparement des terres sont systémiques dans le secteur de l’huile de palme. "Ce qui importe, c’est que depuis 20 ans, nous présentons cas sur cas, et pourtant les institutions financières européennes continuent de financer les entreprises d’huile de palme. Les banques néerlandaises sont considérées comme des pionnières dans le domaine de la durabilité et des droits humains, mais dans la pratique, nous ne les voyons pas encourager efficacement les entreprises avec lesquelles elles travaillent à améliorer leur comportement".
Au-delà de la documentation de cas concrets d’abus commis par trois multinationales de l’huile de palme - Noble Group, le Groupe Bolloré/Socfin et Wilmar International – la plainte révèle un problème sous-jacent beaucoup plus vaste : "La politique de responsabilité social de l’entreprise (RSE) d’ING n’est que de la poudre aux yeux. L’objectif de leur politique est d’éviter de tels abus, mais la réalité est toute autre : les abus dénoncés persistent pendant longtemps ou ne sont jamais résolus. Cette plainte démontre une fois de plus que nous avons besoin d’une législation contraignante pour les institutions financières afin de mettre un terme aux investissements nocifs", déclare Anne Wijers de MilieuDefensie.
Les ONG ayant introduit la plainte ont demandé au Point de Contact National (PCN) néerlandais de l’OCDE d’assurer la médiation et, le cas échéant, de déterminer si ING respecte bien sa propre politique de RSE. Les organisations sont particulièrement critiques à l’égard d’ING en raison de son manque de prise en considération des abus existants, de sa sous-évaluation de l’ampleur des abus connus et de son incapacité à les résoudre de manière adéquate. Les organisations demandent également à l’OCDE de clarifier les conditions dans lesquelles ING peut être tenue responsable des actions des entreprises avec lesquelles elle travaille, l’impact de leurs abus et de quelle manière ING devrait contribuer de manière significative aux réparations. Il est peu probable que le PCN rende une décision finale sur la plainte avant le printemps 2021. D’ici là, le processus se déroulera à huis clos.
Lien vers la plainte : https://complaints.oecdwatch.org/cases/Case_543
Ce communiqué de presse reprendle communiqué de presse publié par Milieudefensie le 20 janvier 2020.
Articles en lien :
- Communiqué 5/7/2019 : « ING complice d’abus de droits humains dans le secteur de l’huile de palme : les ONG portent plainte » disponible ici
- Le site de campagne Greenwash-ING
- La revue Beet the System (janvier 2020) « La prise de pouvoir des multinationales : comment contrer la mainmise des entreprises sur les espaces démocratiques » est disponible ici – L’article [5]. L’initiative « The Shift » (pp. 30-35) abordant notamment le greenwashing de ING.
Photo (c) : Milieu Defensie