10 mars 2010

Le droit à l’alimentation doit devenir une priorité nationale au Guatemala

Des organisations internationales préoccupées par les attaques à l’encontre des défenseurs et défenseures des droits humains.

Bruxelles 10 mars - Le 8 mars à Genève, plusieurs organisations et réseaux internationaux ont présenté au Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Olivier De Schutter, un rapport sur le Droit à l’alimentation au Guatemala. Hier 9 mars, ce rapport a été présenté au Guatemala lors d’un forum organisé par la Commission présidentielle des Droits de l’Homme (COPREDEH). Le rapport attire l’attention sur la faim et la malnutrition au Guatemala et demande que le droit à l’alimentation soit déclaré priorité nationale. De plus, il insiste sur l’urgence de mettre fin à la violence et aux menaces à l’encontre de leaders sociaux, communautaires, indigènes, paysans et syndicaux et de renforcer la protection des défenseurs et défenseures des droits humains. Ci-après les principales recommandations à l’Etat guatémaltèque :

- déclarer priorité nationale la promotion et la protection du droit à l’alimentation, et garantir son application dans toutes les politiques de l’Etat qui peuvent avoir un impact sur la situation alimentaire ;

- adopter des politiques de développement rural intégral, avec un budget approprié ;

- adopter un moratoire sur les expulsions forcées tant que la législation et les procédures administratives ne sont pas en cohérence avec les Droits de l’Homme et élaborer des directives pour la protection et l’application des droits de l’Homme dans le cadre de conflits agraires ;

- adopter des plans de gestion du territoire qui accordent la priorité à la démocratisation de l’accès à la terre et à la réalisation d’une réforme agraire intégrale, au développement de l’agriculture paysanne, à la protection des terres et des territoires des communautés indigènes et à la protection des ressources naturelles. Ces plans devraient être élaborés de concert avec la population rurale et les organisations qui la représentent ;

- arrêter la production d’agrocarburants et donner la priorité à la production durable de nourriture en promouvant l’agriculture et l’économie paysannes et indigènes ;

- réviser la Loi sur les Mines sur base de la reconnaissance de la Convention 169 de l’OIT et des résultats des consultations communautaires, en interdisant l’utilisation de cyanure dans les mines, en prenant des mesures contre la désertification et la dégradation de l’environnement et en assurant une juste répartition des bénéfices.

- veiller à ce que toutes les politiques et les programmes incorporent effectivement la dimension de genre et l’égalité de droits pour les femmes, en particulier pour les femmes paysannes et indigènes ;

- prendre des mesures pour assurer effectivement la protection des défenseures et défenseurs des droits humains de même que des militants du monde paysan, indigène et syndical et empêcher toute action qui pourrait conduire à leur criminalisation ;

- mener rapidement des enquêtes sur les violations des droits humains afin de mettre fin à l’impunité ;

- renforcer le système de perception des impôts afin que l’Etat ait davantage de moyens à consacrer à l’amélioration des conditions de vie des couches les plus vulnérables de la société.

Le rapport a été élaboré par une large coalition d’organisations internationales : FIAN (l’organisation internationale pour le droit à l’alimentation), le mouvement international La Vía Campesina, CIFCA (le réseau européen Initiative de Copenhague pour l’Amérique latine), CIDSE (Coalition des agences catholiques pour le développement), FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme), OMCT (Organisation mondiale contre la torture), et aussi l’Observatoire pour la protection des Droits de l’Homme ( FIDH-OMCT) et l’Association des agences de développement liées au Conseil mondial des Eglises (APRODEV).

A l’invitation d’organisations guatémaltèques*, les organisations mentionnées ci-dessus avaient participé à une mission d’enquête internationale au Guatemala en novembre 2009 afin de vérifier des cas possibles de violations du droit à l’alimentation. Ces violations étaient en lien avec des expulsions forcées, des conflits fonciers, les impacts de l’expansion des agrocarburants, des conflits du travail et des conflits en lien avec de grands projets.

* El Comité de Unidad Campesina (CUC), la Coordinadora Nacional Indígena Campesina (CONIC), la Coordinadora Nacional de Organizaciones Campesinas (CNOC), la Pastoral de la Tierra Interdiocesana, la Plataforma Agraria, el Centro Internacional de Investigaciones de Derechos Humanos (CIIDH), la Coordinación de ONG y Cooperativas (CONGCOOP), la Red de Soberanía Alimentaria (REDSAG), la Campaña “Guatemala sin Hambre”, ActionAid Guatemala, la Mesa Nacional Alimentaria, la Fundación Guillermo Toriello, el Centro de Acción Legal y Derechos Humanos (CALDH), el Comité de Derechos Humanos de Guatemala y la Unidad de Defensores y Defensoras de Derechos Humanos de Guatemala (UDEFEGUA).

Rapport complet en espagnol : http://www.fian.org/recursos/publicaciones/documentos/el-derecho-a-la-alimentacion-en-guatemala/pdf

en anglais : http://www.fian.org/resources/documents/others/the-right-to-food-in-guatemala/pdf

Rapport présenté par le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation Olivier De Schutter au Conseil des Droits de l’Homme :

http://www2.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/docs/13session/A.HRC.13.33.Add.4_sp.pdf