Policy brief – Pourquoi et comment la Belgique doit elle interdire l’exportation de pesticides interdits d’usage en Europe vers des pays tiers
Consternées par les dégâts causés dans leurs pays partenaires, 6 organisations de solidarité internationale (SOS Faim, Broederlijk Delen, FIAN, Iles de paix, Viva Salud et Entraide et Fraternité) ont piloté une étude pour mettre en lumière le rôle de la Belgique dans l’exportation de pesticides interdits. Les résultats sont très préoccupants.
Introduction
Au niveau mondial, le commerce agricole est en expansion. Avec lui, son modèle de développement agricole et ses technologies issues de la révolution verte des années 1960 : mécanisation, semences, engrais et pesticides. La vente de ces derniers a explosé ces dernières décennies, notamment dans les pays du Sud global. Tous les pesticides mis sur le marché ont été conçus et développés dans le but d’avoir un effet significatif sur un organisme vivant [1] (perturber ses fonctions vitales jusqu’à, le plus souvent, entraîner la mort de cet organisme).
Et force est de constater, suite à leur usage, l’apparition d’un ensemble de désastres humains et écologiques. C’est d’ailleurs en raison de leurs effets nocifs sur la santé humaine, de leurs impacts sur la biodiversité et sur le milieu naturel de manière générale que leur mise sur le marché et leur usage ont été encadrés par de nombreuses réglementations. Un certain nombre de ces pesticides ont même été tout simplement interdits sur le sol européen.
L’Union européenne (UE) se veut exemplaire en adoptant des régulations plus protectrices pour la santé et l’environnement que d’autres régions du monde. Pourtant, si elle bannit l’utilisation de certains pesticides, de nombreux États membres, dont la Belgique, continuent néanmoins à les produire et les exporter vers des pays tiers. Cette pratique, bien qu’en accord avec la législation de l’UE, enfreint une série d’engagements internationaux de l’Union européenne et de la Belgique.
Ce commerce de substances actives toxiques nuit à la santé des producteurs et des consommateurs, en Belgique et dans les pays tiers, menace la biodiversité et l’environnement et fragilise en conséquence la sécurité alimentaire et la résilience des systèmes alimentaires. Il renforce une concurrence déloyale entre agriculteurs et contribue à perpétuer un modèle agricole basé sur la dépendance aux énergies fossiles et sur des technologies dépassées en regard des enjeux actuels. Ce commerce est contraire aux engagements internationaux de la Belgique et de l’UE et nuit à sa crédibilité sur la scène internationale vis-à-vis de l’esprit du Pacte vert et, plus largement, sur la prise en compte d’enjeux globaux (changement climatique, pollution chimique…). Enfin, il nie la réalité des moyens dont disposent de nombreux pays à revenus bas et intermédiaires pour mettre en place un cadre protecteur de la santé de leurs populations et de leur environnement.