Poursuites-Bâillon : le cas SOCFIN
Florence Kroff, militante des droits humains, chargée de plaidoyer chez FIAN Belgium est depuis 2019 l’une des cibles d’une poursuite-bâillon initiée par SOCFIN. Une stratégie destinée à museler les défenseur.se.s des droits humains et à promouvoir le "greenwashing" auprès de potentiels investisseurs. Dans le cadre de la campagne SLAPP menée par le Business & Human Rights Center, elle témoigne des conséquences globales de ce genre de pratique.
- Impact sur le travail
- Leçons apprises de la lutte contre les SLAPP
- Le cas SOCFIN SLAPP
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Comment cette action en justice a-t-elle affecté votre travail en faveur des droits humains ?
A l’instar de nombreuses autres organisation et militants des droits humains, les poursuites judiciaires ont visé deux niveaux juridiques précis en mettant en cause tant les activistes eux-mêmes que leurs mouvements ou leur organisations. Car c’est en cette double qualité, représentante de FIAN et personne physique, que Florence Kroff est poursuivie.
En terme d’impact négatif, il y a clairement le temps et les ressources colossales dédiées à notre défense, sans parler de l’impact psychologique et de la charge mental liée.
Mais, en fait, c’est incomparable avec ce à quoi font face les militant.e.s des pays du Sud où se passent les violations que l’on dénonce ici en Europe.
Quelles leçons apprises retirez-vous de vos efforts pour combattre ces poursuites-bâillons ?
D’abord, très pragmatiquement, l’importance de mener un travail d’investigation sérieux et de souscrire une assurance « protection juridique ».
Ensuite, l’importance de l’action collective : grâce au fait que les actions incriminées par SOCFIN ont toujours été menées en coalition, la défense devient aussi collective.
Enfin, la possibilité de retourner ces poursuites-bâillons contre les plaignants et en faveur des communautés affectées luttant pour leurs droits, soit pour obtenir des informations clés, ou encore en contre-attaquant en justice ces mêmes multinationales pour poursuites abusives.
Le cas SOCFIN SLAPP
En décembre 2019, 4 ONG et 7 de leurs employés ont été appelés à comparaître devant un juge d’instruction à Luxembourg suite à une plainte en diffamation initiée par la multinationale agro-industrielle SOCFIN. La plainte serait intervenue suite à la publication d’un rapport de l’ONG de défense des droits de l’homme FIAN Belgium en Sierra Leone, ainsi qu’à une série de communiqués de presse des ONG prétendument incriminées (11.11.11, CNCD-11.11.11, FIAN Belgium, SOS Faim Belgique et SOS Faim Luxembourg) et à une action de sensibilisation menée lors de l’assemblée générale de la SOCFIN à Luxembourg en mai 2019. Cette dernière visait à sensibiliser le public à la situation des communautés touchées et à interpeller les responsables de l’entreprise. Les plaintes portent notamment sur des calomnies, des insultes et des atteintes à la vie privée. En avril 2021, l’enquête judiciaire était toujours en cours.