4 juin 2023
Carte blanche

Notre droit de protester est en danger

Soutien aux 14 activistes poursuivi.es en justice le 7 juin à Bruges

Ce 7 juin, s’ouvrira à Bruges le procès de 14 activistes de Greenpeace. Un pas en arrière dans le droit de protester, un pas en arrière pour l’activisme. En tant que personnalités de tous secteurs, en tant qu’organisations, ce procès nous semble constituer une dangereuse dérive pour nos droits démocratiques, à toutes et tous.

Suite à une action pacifique menée par Greenpeace Belgique le samedi 29 avril, dans le port de Zeebrugge, plus particulièrement dans le terminal méthanier de Fluxys, 14 activistes ont été arrêté.e.s. A l’issue de leur libération, survenue après 48 heures, soit le temps maximum autorisé, les 14 activistes ont été libéré.e.s et font maintenant l’objet d’une citation à comparaître devant le tribunal de Bruges le 7 juin prochain.

L’action dénonçait l’expansion de l’industrie gazière, qui va totalement à l’encontre de nos objectifs climatiques et d’une nécessaire sortie des énergies fossiles. L’action menée était pacifique et n’a provoqué aucun dégât. Greenpeace a maintenu le dialogue avec les forces de l’ordre et tout s’est passé dans un grand calme, du début à la fin.

Et pourtant, ce procès veut intimider, faire peur et réduire la liberté d’expression. Ces dernières années, les militant.e.s de différents mouvements sociaux, comme les syndicats, sont de plus en plus souvent condamné.e.s et poursuivi.e.s au pénal. Cela touche le cœur de la société civile. Cette évolution est pour nous très inquiétante.
Nous nous inquiétons par ailleurs du projet de loi déposé par le Ministre de la Justice Van Quickenborne. Ce projet en débat au parlement, s’il est adopté, pourrait à terme mener à une restriction de la liberté d’expression et de manifestation, en empêchant activistes et militant.e.s de pouvoir exprimer leurs opinions.

Ce procès aura lieu alors que les effets du dérèglement climatique sont de plus en plus visibles et meurtriers. En ce mois de mai, le Canada est ravagé par les incendies de forêts, qui obligent le pays à évacuer 25.000 personnes. L’Espagne, le Portugal, le Maroc, le Vietnam ont été la proie d’une vague de chaleur, avec des pics de température à 43 degrés. La France a déjà connu son premier feu de forêt et ce, pendant le mois d’avril. Et ne parlons pas des inondations meurtrières du Pakistan, qui ont ravagé un tiers du pays et fait des victimes par milliers et des dégâts sans nom.

Au niveau des responsabilités de cette nouvelle donne dramatique, la Belgique est loin d’être hors de tout reproche. A l’heure où celle-ci doit remettre son plan national énergie climat à la commission européenne, il est utile de rappeler que notre pays - le fédéral comme les trois régions - a été condamné par le tribunal de première instance pour inaction climatique.

Ne nous y trompons pas, ce qui se jouera le 7 juin au tribunal correctionnel de Bruges, ce n’est pas juste le procès de 14 activistes pacifiques mobilisé.e.s par l’urgence climatique. C’est le procès de nos droits démocratiques, de notre droit de protester.