Position de FIAN Belgium suite à la publication d’un rapport du think tank ESISC dénonçant nos activités de défense des droits humains
FIAN Belgium a appris la publication, le 22 mai 2017, d’un rapport intitulé « Quand les ONG nuisent aux intérêts de ceux qu’elles prétendent défendre – Etude de cas : FIAN Belgium » publié par le European Strategic Intelligence and Security Center (ESISC). ESISC se présente comme une société de consultance, de lobby et un think tank spécialisé dans la collecte de renseignements dans les domaines de la sécurité, de la géopolitique et de l’économie [1]. Les publications du ESISC sont financées par les bénéfices de ses activités commerciales.
Le rapport d’ESISC dénonce nos activités de défense des droits humains, en s’appuyant notamment sur l’analyse de trois campagnes de défense du droit à l’alimentation au Brésil, au Ghana et en Sierra Leone. Nous tenons à nous prononcer sur ce rapport, qui nous semble fondé sur une méthodologie de recherche inadéquate et constitue une tentative de décrédibiliser nos actions en faveur des droits des communautés locales menacées d’expulsion et de précarité par des accaparements de terre et des projets de développement. En tant qu’organisation internationale de défense des droits humains, nous sommes inquiets de voir une institution financée par des intérêts privés participer à la réduction toujours plus importante de « l’espace d’action et d’expression de la société civile » [2].
FIAN Belgium, membre de FIAN International, lutte pour la réalisation du droit à une alimentation adéquate et à la nutrition à travers le monde. FIAN travaille en toute indépendance vis-à-vis des gouvernements, des partis politiques, des intérêts des entreprises, des idéologies et des religions. FIAN International et ses membres disposent d’un statut consultatif auprès des Nations-Unies [3]. La mission de FIAN consiste à défendre les droits des communautés rurales et groupes marginalisés, oubliés du « développement » et qui sont les premières victimes de la faim.
FIAN Belgium n’a jamais été contacté par ESISC dans le cadre de ses recherches et la version finale du rapport ne nous a pas été communiquée. Bien que le rapport d’ESISC s’appuie sur des informations que nous mettons volontiers à disposition du public, il nous semble contraire aux règles déontologiques élémentaires de la recherche de ne pas rencontrer et consulter les personnes concernées. Le rapport procède de ce fait à des effets de généralisation et d’amalgame entre « le secteur des ONG » qui est mal défini, et nos activités. Par exemple, le rapport nous présente à plusieurs reprises comme une ONG de développement, alors que nous ne finançons pas de projets de développement et que nos actions se limitent à la défense et à la protection des droits humains.
Nous avons été informés que le rapport d’ESISC a été distribué par l’entreprise agroindustrielle SOCFIN à ses actionnaires lors de son Assemblée générale le 31 mai 2017 au Luxembourg, soit tout juste une semaine après la sortie du rapport. Nous sommes surpris que les dirigeants de SOCFIN ait eu connaissance du rapport alors même que nous en ignorions l’existence. Depuis 2012, nous dénonçons les accaparements de terres et les abus de droits humains par SOCFIN en Sierra Leone [4] et ce n’est pas la première fois que SOCFIN relaie des informations négatives portant atteinte à notre réputation [5] ou nous menace de poursuites judiciaires. SOCFIN, et son principal actionnaire Vincent Bolloré, sont d’ailleurs réputés pour utiliser les poursuites-baillons pour faire taire les ONG et journalistes qui critiquent leurs activités [6].
Interrogés sur les conclusions de ce rapport, les fédérations et coupoles des ONG, ont déclaré : « nous sommes toujours prêts à ouvrir le débat sur les activités du secteur des ONG. A condition que cela se fasse dans le cadre d’un débat démocratique et transparent. Ce n’est manifestement pas le cas avec ce rapport, dont le seul objectif est de nuire à l’image de FIAN Belgium. »
De nouvelles altercations ont eu lieu en juin 2017 entre SOCFIN, les communautés locales et les services de police et nous sommes inquiets devant la détérioration de la situation sur le terrain. Dans ce contexte, notre combat en faveur des droits humains nous semble plus pertinent que jamais. Nous ne nous inclinerons pas face aux manœuvres d’intimidation quelles qu’elles soient.