« Alimentation ou agrocarburants ? Les Guaranis ont choisi, et nous ? »
Dans l’État de Mato Grosso do Sul, la situation de la communauté indigène des Guarani-Kaiowá a atteint des dimensions intolérables. Appuyée par FIAN (Foodfirst Information & Action Network/Réseau d’Information et d’Action pour le Droit à l’Alimentation), une délégation composée de défenseurs des droits de l’homme et d’un chef indigène vient sillonner l’Europe du 7 au 23 Octobre 2008.
Les membres de la délégation vont à la rencontre de la société civile et le monde politique européen dans les grandes villes de France, Belgique, Pays-Bas et Hongrie :
- Amilton Lopes : Représentant des Guaranis-Kaiowá (communauté Nhanderu Marangatu)
- Egon Heck : Représentant du CIMI (Conseil Indigène Missionnaire)
- Jonia Rodrigues : Représentante de FIAN Brésil
Ils témoignent des atteintes quotidiennes aux droits des indigènes, surtout causées par le manque d’accès à la terre. Comme le démontrent les rapports de FIAN et d’autres organisations, la situation sociale des populations rurales au Brésil est gravement menacée par les monocultures de canne à sucre destinées à la production d’agrocarburants.
Marie Teller, présidente de FIAN-Belgique rappelle l’urgence de la situation : « la communauté indigène des Guarani-Kaiowá a perdu plus de 90% de son territoire alors que, dans les prochaines années, la construction de dizaines de distilleries de bio-éthanol et la culture d’un million d’hectares de canne à sucre sont déjà prévues dans la région. Le retard que le gouvernement brésilien a pris pour délimiter leur territoire ancestral est une flagrante violation du droit à l’alimentation, qu’il est obligé de garantir ».
Quant au chef indigène Kaiowá Amilton Lopes, il rajoute : « La solution proposée par le gouvernement, l’aide alimentaire, ne garantit pas notre futur : on ne veut pas dépendre de la charité pour compenser l’envahissement de la canne à sucre. C’est notre terre, notre réel panier alimentaire ».
Depuis Octobre 2007, FIAN mène « Face It Act Now », une campagne européenne d’information et de sensibilisation pour le droit à se nourrir. C’est dans ce cadre que les communautés indigènes des Guarani-Kaiowá ont fait appel à FIAN pour défendre leur cause. Appuyés par les investigations et le travail de presse de FIAN menés sur le terrain, ils se sentent prêts à élever leur voix pour faire pression sur le gouvernement brésilien.
Contrairement à ce que le gouvernement brésilien affirme, la production industrielle de bioéthanol à partir des plantations de canne à sucre n’est pas durable, que ce soit par son impact environnemental ou social. Les autorités brésiliennes doivent s’assurer du respect du droit à l’alimentation des groupes les plus vulnérables avant de poursuivre les politiques de promotion des agrocarburants.