10 juin 2013

La Belgique complice dans la ruée mondiale sur les terres

Bruxelles, 10 juin 2013 - Le rôle joué par le gouvernement, les banques et les entreprises belges dans la ruée mondiale sur les terres est indéniable. C’est ce que dénoncent le CNCD-11.11.11, 11.11.11, AEFJN, Entraide & Fraternité, FIAN Belgique, Oxfam et SOS Faim dans un rapport basé sur des cas précis pour étayer ce constat. Les ONG adressent des recommandations à la Belgique afin de lutter contre ce phénomène qui met en péril la vie de dizaines de millions de paysans.

« La Belgique finance des activités qui contreviennent à sa politique nationale de coopération et se rend complice d’acquisitions de terres à large échelle à travers des financements multilatéraux. Elle va à l’encontre de ses obligations en matière de droits humains et en matière de cohérence des politiques pour le développement », indique Manuel Eggen de FIAN Belgique.
 

L’ampleur du phénomène est considérable : depuis 2000, plus de 200 millions d’hectares (65 fois la Belgique) sont concernés par les acquisitions de terres (5 000 à plus de 500 000 ha) dont une grande partie en Afrique. Les populations locales, dépendantes de l’agriculture, en sont les principales victimes. Cet engouement foncier s’explique par la raréfaction de la terre (croissance démographique, surconsommation, urbanisation) et par la valeur refuge que constitue la terre depuis la crise des valeurs boursières.
 

« Lutter contre ces acquisitions exigent l’adoption de mesures contraignantes et cohérentes à l’échelle des politiques belges et européennes concernées. La Belgique doit contrôler les activités financières et les entreprises liées à son pays. Elle doit aussi modifier les politiques énergétiques, agricoles et commerciales européennes qui favorisent le phénomène d’acquisition des terres » estime Stéphane Parmentier d’Oxfam Solidarité.
 

Le rapport met en avant plusieurs cas dans lesquels la Belgique joue un rôle primordial.
 
- L’huile de palme, un commerce rentable pour les entreprises belges
Plusieurs sociétés agro-industrielles belges, dont SOCFIN, SIPEF et SIAT se sont spécialisées dans la production d’huile de palme. Ces trois sociétés ont pris le contrôle sur plus de 575 000 ha de terres. Le rapport approfondit l’étude d’un cas en Sierra Leone où les communautés locales dénoncent l’accaparement de leurs terres par la société SOCFIN. Les conditions de vie des communautés se sont dégradées et le manque d’accès à la nourriture accru.
 
- Carburants au Nord, faim au Sud
Alors que la Belgique tient un discours critique vis-à-vis des agrocarburants au sein du débat européen, l’Etat belge investit via l’agence belge de développement (BIO) dans des projets de biocarburants dans le Sud. Plus de 10 millions d’euros ont été investis dans un projet du groupe Suisse ADDAX pour la production d’agrocarburants en Sierre Léone alors que plus de 30% de la population du pays souffre de malnutrition.
 
- Ces banques qui spéculent sur la faim
Cinq grandes banques belges ou ayant des filiales en Belgique (KBC, Rabobank, Deutsche Bank, Crédit Agricole et Axa) favorisent la spéculation sur les marchés fonciers. Depuis 2008, les spéculateurs sont allés à la recherche de marchés alternatifs, les parcelles de terre sont devenues des valeurs refuges. Annoncés comme une opportunité pour le développement agricole, ces investissements renforcent l’acquisition des terres et la volatilité des prix des matières agricoles.

 

Téléchargez le rapport « Les responsabilités belges dans les acquisitions de terre à l’étranger » : ici.
 

Contact presse :
Manuel Eggen, chargé de projets à FIAN Belgium : 02/640.84.17.
Stéphane Desgain, chargé de recherche au CNCD-11.11.11 : 02/250.12.64 et 0475/76.90.61.