27 février 2024
Communiqué du Réseau de Soutien à l’Agriculture Paysanne

Nouvelle expression de la colère paysanne à Bruxelles ce 26 février

Plus de mille tracteurs ont encerclé le quartier européen ce lundi 26 février 2024 pour réclamer la fin du traité UE-Mercosur. Faute d’avancée réelle suite au 1er février, les agriculteur·trices ont fait entendre leurs voix aux responsables politiques européens avec le soutien d’une coalition encore plus large .

  1. Nos revendications
  2. Déroulement de la journée
  3. Conclusion de la journée
  4. Plus d’info

Nouvelle expression de la colère paysanne à Bruxelles ce 26 février

Nos revendications

  • La fin du traité du libre-échange UE-MERCOSUR
  • Une PAC forte et juste
  • Une régulation des marchés
  • Des revenus justes pour les agriculteur·trices pour assurer une transition agroécologique

Déroulement de la journée

Les premières colonnes de tracteurs sont arrivées dans la nuit de dimanche à lundi dans un quartier européen en état de siège. La pluie ne refroidit pas la colère du monde agricole, qui s’exprime aux pieds des institutions européennes.

La situation est restée assez chaotique durant la journée. Les agriculteur·trices étaient en colère et le faisaient savoir. Mais les responsables de ce chaos sont avant tout les dirigeant·es européens et belges. Depuis un mois, nous nous mobilisions avec des revendications claires. Et les réponses apportées n’ont répondu qu’aux intérêts de l’agrobusiness. De plus, depuis le début des mobilisations agricoles, la présidente de la Commission européenne avait toujours refusé les rencontres demandées par la Via Campesina. David Clarinval, ministre belge de l’agriculture, n’a lui non plus pas répondu à nos demandes.

"En tant qu’agriculteur·trice, on sait qu’il faut répondre au réchauffement climatique : on vit les inondations, les tempêtes, les sécheresses. Mais on ne pourra pas le faire tant que les prix agricoles sont sous les coûts de production, tant qu’on ne gagne pas notre vie. La plupart des paysan·nes vivent sous le seuil de pauvreté, en concurrence les uns avec les autres. Nous sommes pour la transition agroécologie mais ça demande qu’on soit soutenu. Or, cela fait deux mois qu’on demande un rendez-vous avec la présidente de la Commission mais elle ne répond qu’aux grand patrons"

Fin de matinée, Ursula von der Leyen a finalement accepté une rencontre. Morgane Ody, présidente de la Via Campesina, a annoncé :

Il n’est pas question de se satisfaire du rendez-vous avec Ursula von der Leyen, nous voulons des actions concrètes sur les revenus justes et la fin de la mise en concurrence des agricultrices et des agriculteurs du monde entier".

Ces demandes sont soutenues par de nombreuses ONG, organisations environnementales, syndicats et autres associations regroupées pour l’occasion dans la coalition ACT (agriculteurs.rices, citoyens.nnes et travailleurs.euses).

Selon Eléonore Barrelet, coordinatrice d’Agroecology in Action :

“Nous ne pouvons pas accepter que l’environnement et la biodiversité soient sacrifiés au profit de traités de libre-échange qui détruisent l’agriculture nourricière en Europe comme dans le reste du monde. Nous serons à Bruxelles pour donner un coup d’arrêt définitif au traité UE-Mercosur”.

Selon Amaury Ghijselings, chargé de souveraineté alimentaire au CNCD 11.11.11. :

“Si la FUGEA gagne son combat, celles et ceux qui se battent pour des revenus décents, une alimentation saine, une justice sociale et écologique gagnent.”

D’autres témoignages ont été entendus sur place :

Le MAP :

"Depuis le 1er février, vous n’avez rien fait, vous là haut. Pire : vous avez fait le contraire de ce qu’on voulait. Qui veut des pesticides, fongicides, des OGM dans son assiette ? Se rendent-ils compte du déclin de la biodiversité dans son ensemble, qu’ils organisent la mort des paysan ? Nous sommes pourtant clairs dans nos revendications : pas de UE-Mercosur, une vraie politique d’installation de nouvelles fermes, un revenu digne et pas d’OGM"

Un syndicaliste :

"Face à la force incroyable des mobilisations agricoles, il y a deux réponses possibles et elles sont incompatibles . Soit, plusieurs plus de la même chose : plus de prime à l’hectare, plus de capitalisme, plus de libre-échange. Soit, la réponse que vous portez ici et qui signifie un changement complet du modèle. Un changement du modèle de l’agriculture, du commerce mondiale, de l’alimentation. La Commissions européenne a choisit la mauvaise réponse. Nous serons avec vous. Tou·tes les travailleur·euses ont droit à un salaire digne. Agriculteur·trices, travailleur·euses et citoyen·es, tou·tes ensemble !"

Conclusions de la journée :

La mobilisation fut un succès mais nous étions fatigués et en colère face aux retombés politiques.

Après la conférence de presse du Ministre fédéral de l’agriculture et du Commissaire européen à l’agriculture, il était clair que la Commission européenne ne travaillait que pour l’agrobusiness. La FUGEA était présente également lors de la réunion du Conseil des ministres. Et la même conclusion s’imposait : une réunion pour encore nous proposer une mise en pause des normes environnementales. Le Réseau de soutien à l’agriculture paysanne (RéSAP) s’inquiète de ses capacités à comprendre les revendications du monde paysan.

Nous nous mobilisions depuis des semaines pour que les agriculteur·trices puissent vivre de leur travail et pour que les revenus soient suffisants pour continuer la transition agroécologique. Pour y arriver, il faut des prix justes et la fin des traités de libre-échange. Mais les responsables politiques sont restés sourds à nos demandes et ont mis tout sur le dos de la Russie et des normes environnementales. Le ministre fédéral de l’Agriculture David Clarinval parvient à commenter la journée sans mentionner les accords de libre-échange, confondant les revendications des manifestant.es avec le programme néolibéral et anti-environnementaliste de son parti.

Face à des réactions politiques aussi déconnectées des préoccupations de celles et ceux qui nous nourrissent, face à la priorité donnée à l’agrobusiness, le RéSAP continuera à se mobiliser aux côtés de la FUGEA et d’ECVC.

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