Defend The Defenders

Préface

Mary Lawlor - Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseur·euse·s des droits humains *

Autour du monde, les communautés des défenseur·se·s des droits humains travaillent patiemment et paisiblement afin d’obtenir le respect, la protection et la réalisation du droit à l’alimentation. Nombreux·se sont celles et ceux qui prennent des mesures en réaction à la menace ou à la violation grave de ce droit. Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui compte 171 États parties, garantit le droit à une nourriture suffisante et oblige les États à progresser vers sa réalisation et à s’abstenir de prendre des mesures pour y porter atteinte.

Pourtant, dans toutes les régions, les populations sont confrontées à des États qui ne respectent pas les obligations qui leur incombent en vertu du Pacte et, dans de nombreux endroits, à des autorités qui compromettent la réalisation de ce droit en encourageant des formes de production alimentaire non durables et en renforçant des systèmes alimentaires conçus pour maximiser les profits.

La pauvreté est un facteur majeur qui met ce droit en danger dans la pratique. Son élimination, du moins dans sa forme extrême, était prévue dans les objectifs de développement durable (ODD), mais semble désormais impossible dans les délais impartis. Il en va de même pour l’objectif d’élimination de la faim.

Les défenseur·se·s des droits humains refusent d’accepter cette situation et insistent plutôt sur les obligations des États et sur le droit des communautés à lutter elles-mêmes pour la réalisation de leurs droits, comme le garantit l’article 1 de la Déclaration des Nations unies sur les défenseur·se·s des droits humains. [1]

La déclaration sur les défenseur·se·s des droits humains a été adoptée par consensus lors de l’Assemblée générale des Nations unies il y a 25 ans, mais la reconnaissance et la protection qu’elle garantit sur papier sont encore loin de la réalité pour les militant.e.s du droit à l’alimentation.

Les luttes que ces personnes mènent pour faire respecter ce droit sont souvent liées à la lutte contre l’inégalité d’accès aux terres, la destruction de l’environnement et le changement climatique, ainsi qu’à la promotion du développement durable et à l’opposition aux pratiques commerciales destructrices. Il s’agit d’un ensemble de problématiques qui crée des risques extrêmement élevés pour les défenseur·se·s, où les menaces, la criminalisation et les agressions physiques sont monnaie courante.

Les menaces, la criminalisation et les agressions physiques sont monnaie courante pour les défenseur·euse·s

Nombre de ces attaques sont perpétrées par les autorités publiques. D’autres sont commises par des acteurs privés, mais restent impunies. Cette situation ne peut plus être tolérée. Afin d’atténuer et d’éviter autant que possible les effets dévastateurs du changement climatique, de la perte de biodiversité et de la dégradation de l’environnement, ayant tous un impact sur le droit à l’alimentation, les États doivent considérer les défenseur·se·s des droits humains comme des allié·e·s. Ils doivent collaborer ensemble, les protéger et les soutenir.
J’espère que cette publication contribuera à attirer l’attention sur les solutions que les défenseur·se·s ont à partager [2].

* Préface traduite de l’anglais vers le français, voir la version originale*


Cet article fait partie du Beet The System ! 2023 "Defend The Defenders :Stop à la criminalisation des défenseur·euse·s du droit à l’alimentation".

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