Rapport oral présenté au nom des femmes rurales de Gnita, Togo
Rapport oral présenté au nom des femmes rurales de Gnita, Togo, Par les ONGs, FLORAISON, GRADSE et le réseau RAPDA-Togo, avec l’appui de FIAN International, au Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes 53ème Session, Octobre 2012
Madame la Présidente,
Honorables Membres du Comité,
Mesdames et Messieurs,
Les organisations FLORAISON, Groupe de Recherche-Action pour le Développement Socio-économique en vue de la Promotion Humaine et la Coopération (GRADSE/PHCI), et le Réseau Africain pour le Droit à l’Alimentation (RAPDA-Togo), branche du Togo avec l’appui de FIAN International, vous remercient de votre attention et pour l’opportunité de partager avec vous des observations sur la vulnérabilité préoccupante des femmes rurales de Gnita et sur leur droit à une alimentation adéquate.
Aujourd’hui, j’ai l’honneur de vous parler au nom de plusieurs femmes rurales de Gnita, qui sont victimes de la migration forcée vers Lomé à cause de leur incapacité à nourrir leur famille. Ces femmes ont participé dans des entretiens de groupe et individuels réalisés par les organisations ci-dessus mentionnées à la fois à Gnita et à Lomé.
Dans un pays comme le Togo où l’agriculture constitue la principale activité exercée par les populations, la sécurité foncière constitue à ce titre un facteur important susceptible de garantir la constance des moyens de production et par conséquent des moyens de subsistance. Malheureusement, au Togo, la valorisation des ressources du sous-sol a remis en cause les conditions et modes de vie de milliers de paysans en désorganisant leurs structures traditionnelles de production. Ceci est le cas de Gnita.
Face à cette situation d’accaparement des terres pour l’exploitation des phosphates, les femmes, à qui incombe la responsabilité de la prise en charge de la famille quand leurs maris ont perdu les terres cultivables, sont obligées d’émigrer vers les villes voisines, surtout d’aller à Lomé la capitale du pays, pour travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles. Une fois dans la ville, les femmes font face à des conditions de vie et de travail exécrables, la désorganisation des structures familiales, les risques de violence et les maladies auxquelles elles sont exposées du fait qu’elles n’ont pas d’habitation appropriée et dorment dans des maisons abandonnées ou dans les entrepôts et les abords des marchés. Le droit des femmes à une alimentation adéquate continue d’être menacée du fait qu’elles doivent souvent sacrifier leur droit à l’intégrité physique et à la dignité pour assurer leur nutrition et celle de leurs enfants.
Dans le cas spécifique des femmes rurales de Gnita, nous avons identifié trois obstacles principaux à l’effectivité de leur droit à une alimentation adéquate : (1) le manque d’accès à l’éducation et à la formation pour des Activités Génératrices de Revenus (AGR) ; (2) le manque d’accès aux services de soins médicaux de qualité ; et (3) les disparités entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’accès aux terres, la propriété et autres moyens de production agricole.
L’analphabétisme, le manque de formation pour exercer une activité économique autre que l’agriculture, l’absence d’information en matière de santé de la reproduction, l’absence de soins de santé maternelle de qualité, l’incapacité d’accéder à des activités économiques pouvant leur assurer des ressources adéquates pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, constituent un handicap pour les femmes à atteindre l’effectivité de leur droit à une alimentation adéquate.
Pour toutes ces raisons, nous proposons au Comité de la CEDAW de demander aux représentants de l’état du Togo au cours de sa 53ème session quelles sont les mesures qu’ils ont adopté pour mettre fin à ces violations du droit à une alimentation adéquate des femmes rurales de Gnita.
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