17 octobre 2014

Une tournée européenne attire l’attention sur la violence à l’encontre des communautés Guarani-Kaiowá

Genève, Bruxelles, Heidelberg, le 17 octobre 2014 - Organisée en Europe avec une délégation du Brésil, une tournée européenne de deux semaines a eu lieu visant à attirer l’attention de la communauté internationale sur la violence commise contre des communautés indigènes Guarani-Kaiowá au Brésil suite à leur combat pour leur droit à leur territoire.

FIAN International, ensemble avec le Conseil indigène missionnaire (CIMI) du Brésil, a accompagné le leader Guarani-Kaiowá Eliseu Lopes de la communauté de Kurusu Amba lors d’une tournée européenne afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la violence qu’endurent les Guarani-Kaiowás depuis plus de 40 ans. Le gouvernement brésilien manque en effet à ses obligations internationales en matière de droits humains. 

Eliseu Lopes, 36 ans, a pris part à la 27e session du Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies (UNHRC) à Genève (Suisse) et a rencontré les Rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les droits humains des peuples autochtones, sur le droit à l’alimentation et sur la situation des défenseurs des droits de l’homme. Devant le Conseil des droits de l’homme, l’organe des Nations Unies dédié à la promotion et à la protection des droits humains dans le monde entier, Eliseu a déclaréque « la décision incohérente prise par le gouvernement brésilien d’arrêter le processus de démarcation [des territoires des Guarani-Kaiowá] sous couvert d’un ’dialogue’ n’a fait que renforcer directement les conflits dans toutes les régions  ». 

Lopes a affirmé que la composition politique du gouvernement actuel et les négociations de celui-ci avec le secteur raciste et violent de l’agrobusiness a résulté en une violence accrue sans précédent à l’encontre des communautés indigènes au Brésil. Il a donné l’exemple de certaines communautés dont plusieurs membres ont été tués par des officiers de la police fédérale, d’autres ont été assassinés par des bûcherons et des gardes forestiers, d’autres encore ont dû faire face à des envahisseurs. Il a aussi donné des exemples d’enfants décédés suite à une alimentation insuffisante.

En Belgique, la délégation a rencontré plusieurs membres du Parlement européen (MEPs), dont des membres de la Sous-Commission des droits de l’homme et traitant des relations avec le Brésil, ainsi que des représentants du Service européen pour l’action européenne (EEAS), qui se sont engagés à assurer le suivi de la question de la démarcation des terres au Brésil.
La délégation a également rencontré la mission du Brésil auprès de l’Union européenne pour dénoncer le manque d’action par les autorités brésiliennes. Cependant, Lopes a déclaré qu’il ne s’agit pas là d’un nouveau problème pour le Brésil.

Encore aujourd’hui, des territoires autochtones sont envahis aveuglement et le gouvernement brésilien ne fait rien pour donner effet à son obligation constitutionnelle. Lopes a ajouté « [les Guarani-Kaiowás] ne peuvent pas supporter l’indifférence du gouvernement brésilien » qui semble « incapable de les protéger » alors qu’ils sont en pleine crise humanitaire.
 « 
Ils envahissent nos terres aujourd’hui, le gouvernement ne fait rien ; des titres sont imposés demain, ils nous chassent de notre territoire, le gouvernement ne fait rien ; et après-demain ils disent que ces terres leur appartiennent. Et mon peuple ? Il vit sous des toiles noires sur le bord de la route, et le gouvernement ne fait rien. On n’en peut plus », déplore Lopes.
 De manière générale, la tournée européenne a été très productive et a permis d’attirer l’attention sur les graves violations commises à l’encontre des droits fondamentaux individuels et collectifs des Guarani-Kaiowás au Mato Grosso do Sul, Brésil. Les prochaines étapes incluent le suivi de près de leur cas par les Rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et sur le droit à l’alimentation.

Consultez notre fiche d’actualisation sur la résistance des Guarani-Kaiowas ici