13 juin 2016

Des organisations honduriennes dénoncent auprès de l’Union européenne la situation préoccupante des Droits de l’Homme

Des organisations honduriennes dénoncent auprès de l’Union européenne la situation préoccupante des Droits de l’Homme.

  • Le Honduras est le pays le plus dangereux au monde pour les défendeurs des droits environnementaux et fonciers.
  • L’assassinat de l’activiste hondurienne Berta Cáceres n’est qu’un cas parmi tant d’autres.
  • La délégation hondurienne demande à l’Union européenne un soutien clair et concret pour la protection de ses défenseurs des droits de l’Homme.

Bruxelles, le 13 juin 2016. - A partir d’aujourd’hui et durant 3 jours, des dirigeants et représentants de la société civile hondurienne seront à Bruxelles. Leur objectif est de dialoguer et de rendre visible auprès de l’Union européenne (UE) la situation préoccupante des droits économiques, sociaux et culturels (DESC) au Honduras, ainsi que de mettre en évidence le rôle que peut jouer l’UE dans les relations et accords qu’elle conclut avec ce pays d’Amérique Centrale.

Cette délégation se rend à Bruxelles avec un rapport élaboré par la Plateforme EPU (Plataforma EPU) composée de 54 organisations honduriennes de développement et de protection des Droits de l’Homme, issues de la société civile. Celui-ci a été présenté la semaine dernière à Genève, au siège des Nations Unies, lors de la 58ème session du Comité Economique, Social et Culturel.

Les conclusions de ce rapport ne sont pas encourageantes et sont particulièrement alarmantes concernant les défenseurs qui se consacrent à la protection des droits environnementaux et des ressources naturelles. Le texte met en évidence les actes de violences, le harcèlement, les menaces de mort et les assassinats dont ces défenseurs sont victimes en raison du travail qu’ils accomplissent.

Le cas le plus emblématique au niveau international est celui de l’activiste Berta Cáceres. Toutefois, pour José Gaspar Sánchez, membre du Conseil Civique des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (COPINH), et membre de la délégation hondurienne qui réalise ce tour d’Europe, « beaucoup de défenseurs des droits de l’Homme dans le pays ont perdu la vie en défendant les biens communs de la nature et la majorité de ces assassinats a été exécutée par des policiers et militaires  », soulignant directement la responsabilité des autorités dans les faits.

Dans ce sens, Gaspar Sánchez ajoute également que « en tant que membres du COPINH, nous sommes sous la menace permanente de l’entreprise Desarrollos Energéticos SA (DESA), ainsi que des forces répressives de l’Etat. Les militaires, comme les employés de cette entreprise, sont inculpés dans l’assassinat de Berta ».

Autre défenseur et membre de la délégation, Irma Lemus, de l’Observatoire Permanent des Droits de l’Homme d’Aguán (OPDHA), soutient ces accusations en déclarant que « à Bajo Aguán, en tant que défenseurs de nos ressources naturelles, nous avons été victimes d’un harcèlement continu de la part de nos propres fonctionnaires de justice, alors que ce sont ceux qui devraient veiller au respect de la jouissance de nos droits. J’ai moi-même été victime d’un processus de criminalisation qui a duré presque 2 ans et auquel j’ai pu échapper en raison de l’absence de preuve de l’Etat à mon encontre ».

Enfin, Marlon Ochoa, Directeur Exécutif de FIAN Honduras, dénonce cette violence comme une conséquence directe du modèle de croissance hégémonique actuel, qui est encouragé et soutenu par les Etats malgré son impact négatif sur les droits et les personnes. Il conclut que «  le gouvernement hondurien promeut activement un modèle de développement qui porte atteinte aux droits économiques, sociaux et culturels des communautés honduriennes, en particulier de celles qui vivent en milieu rural, telles que les communautés indigènes et paysannes ».

La visite de cette délégation de défenseurs à Bruxelles a été soutenue par les organisations européennes ACT Alliance EU, CIFCA, FIAN et Grupo Sur. Ces dernières ont rappelé à plusieurs reprises à l’UE que certains des projets menés en Honduras reposent sur des investissements d’entreprises ou de banques de développement européennes.

De même, ces organisations basées à Bruxelles soutiennent la demande faite par le Parlement européen à la Commission dans sa récente résolution, exigeant que l’aide européenne ne soutienne ni n’autorise aucun projet portant atteinte aux droits de l’Homme. Cette résolution rappelle également l’obligation de respect du consentement préalable, libre et éclairé des populations indigènes, pour tous les projets de développement qui affectent leurs ressources naturelles.

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Contact presse : Stephan Backes : +32 2 781.00.98