Rapport d’activité 2022
Un nouveau record a été atteint en 2022 : les prix alimentaires n’ont jamais été si élevés ! Même si la guerre en Ukraine, et la crise énergétique y ont participé, c’est bien notre système agroalimentaire globalisé qui en est la cause profonde. Les chaînes de valeur alimentaires mondiales sont extrêmement vulnérables aux chocs : peu de capacité d’adaptation, fragmentation de la production au niveau mondial, trop d’intermédiaires, de spéculation, de dépendance à l’égard des importations alimentaires, une série de facteurs qui s’accumulent, se combinent et fragilisent la résilience du système alimentaire globalisé. Cette vulnérabilité a d’autant plus d’impact sur les pays et les populations pauvres, et leur sécurité alimentaire.
Si l’augmentation de la faim est particulièrement criante dans les pays du sud global, la population belge ressent aussi les impacts de la dominance du systèmes alimentaire industriels et des marchés dérégulés. Le taux de malnutrition augmente et les inégalités se creusent. Aux deux extrêmes du système alimentaire, ce sont les petit·e·s producteur·rice·s et les consommateur·rice·s qui trinquent.
En 2022, FIAN a mené de nombreuses actions en faveur d’un meilleur accès à une alimentation durable : le suivi du Plan fédéral nutrition santé, la co-construction d’un mouvement et d’un plaidoyer en faveur d’une Sécurité sociale de l’alimentation, le rapprochement des organisations de lutte contre la pauvreté, avec celles de soutien à l’agriculture paysanne, de défense de l’environnement, et de protection des droits humains (voir Combat 1 : Accès à l’alimentation), soulignant ainsi toute l’importance et la pertinence de la convergence des luttes dans la construction d’alternatives plus durables.
La souveraineté alimentaire reste faible en Belgique. Et bien que les terres agricoles belges soient parmi les plus fertiles du monde, la Belgique importe une grande partie de ses denrées alimentaires de base. Trop peu d’ancrage du système alimentaire dans les territoires nous expose à la dépendance extérieure. D’autant que la concurrence concernant l’usage de ces terres s’aggrave encore et toujours, entre accaparements des terres par des groupes industriels, expansion immobilière, projets d’infrastructures diverses, il reste peu de place au développement de systèmes alimentaires durables, relocalisés et résilients. Dans ce contexte, FIAN continue son combat pour la préservation des terres nourricières, par un plaidoyer ciblé et des actions concrètes (voir Combat 2 : souveraineté alimentaire).
2022 a aussi été l’année de l’approfondissement des débats autour de la responsabilité des entreprises pour leur impact sur les droits humains, et notamment le droit à l’alimentation, en Belgique mais aussi et surtout en dehors de nos frontières. Grâce à un travail de longue haleine en appui aux communautés luttant pour leurs droits face aux multinationales de l’agrobusiness et aux politiques soutenant un système agro-industriel, FIAN a participé aux débats législatifs de régulation des entreprises tant en Belgique, qu’au niveau européen et international. La question de la responsabilité de la Banque de financement du développement BIO dans les accaparements de terre en Afrique, a fait partie intégrante de ce travail (voir Combat 3 : corporate capture).
Sur le plan environnemental, le système agro-alimentaire industriel est responsable de plus d’un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre et est le principal responsable de l’effondrement de la biodiversité. Face à ce constat, des alternatives agroécologiques se dessinent, se renforcent et ont un grand potentiel pour lutter contre le dérèglement climatique, et régénérer les écosystèmes et développer des stratégies agroalimentaires résilientes. En 2022, tant en Belgique qu’au niveau européen, FIAN a œuvré au rapprochement des mouvements paysan et climatique, et dénonce les orientations politiques incohérentes. Comme dans les autres Combats, plusieurs victoires sont à célébrer : de réelles propositions législatives pour mieux réguler la production d’agrocarburants, la préservation de plusieurs territoires (grâce aux collectifs de Occupons le Terrain), ou encore de futures législations pour l’arrêt de l’exportation de pesticides interdits en Belgique (voir Combat 4 : eco-destruction).
par Marie-Pierre Smets (administratrice) et Florence Kroff (coordinatrice)
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Combat 1 : accès à l’alimentation
Combat 2 : Souveraineté alimentaire
Combat 3 : Corporate capture
Combat4 : Eco-destruction
Combat 5 : Organisationnel
Publication en 2022
Rapport financier